Micheline Presle, nĂ©e le 22 aoĂ»t 1922 dans le 5e arrondissement de Paris, est une figure emblĂ©matique du cinĂ©ma français. Son nom est associĂ© Ă  une carrière impressionnante qui a durĂ© pendant près de sept dĂ©cennies. L’actrice, connue pour son Ă©lĂ©gance et son charisme, a dĂ©butĂ© au cinĂ©ma Ă  l’âge de 15 ans, marquant ainsi le dĂ©but d’une aventure exceptionnelle.

Fille de Robert Chassagne, un nĂ©gociant et de Julie Yvonne Bachelier, elle n’a pas eu un parcours simple. Son père doit s’exiler aux États-Unis Ă  cause d’un scandale financier, tandis que sa mère la place dans un Ă©tablissement pour filles, oĂą elle dĂ©couvre sa passion pour l’art dramatique. C’est lĂ  qu’elle fait ses premiers pas dans le monde du théâtre, une passion qui la suivra toute sa vie.

Elle fait sa première apparition cinĂ©matographique en tant que figurante dans La FessĂ©e en 1937, sous le pseudonyme Micheline Michel. Elle capte rapidement l’attention des rĂ©alisateurs, et son talent naturel s’Ă©panouit dans des productions qui deviennent marquantes dès la fin des annĂ©es 1930.

Dans les annĂ©es 1940, Micheline Presle Ă©merge comme l’une des principales actrices de son Ă©poque. Sa performance dans Jeunes Filles en dĂ©tresse (1939) marque un tournant dans sa carrière, lui permettant de devenir « Micheline Presle », un nom qui rĂ©sonnera dans toute l’industrie. Elle enchaĂ®ne les succès au cinĂ©ma, souvent en collaboration avec des rĂ©alisateurs influents, tels que Georg Wilhelm Pabst et Abel Gance.

Elle incarne des rĂ´les mĂ©morables, tels que le double personnage dans Paradis perdu (1940) qui la propulse dans les hautes sphères du cinĂ©ma français. En pleine Seconde Guerre mondiale, sa carrière prend un tournant radical avec l’Occupation, mais elle tire son Ă©pingle du jeu, Ă©vitant de travailler avec des producteurs allemands, ce qui lui permet de conserver une certaine rĂ©putation après la LibĂ©ration.

Se dĂ©marquant par sa singularitĂ©, Micheline ne se limite pas au cinĂ©ma. Elle s’illustre Ă©galement au théâtre, oĂą elle fait ses dĂ©buts dans Colinette (1942) et enchaĂ®ne avec d’autres productions acclamĂ©es. Son charme irrĂ©sistible et son jeu d’acteur lui valent les faveurs du public, renforçant son statut de star.

Après un voyage aux États-Unis dans les années 1950, avec son mari réalisateur William Marshall, elle rencontre pourtant un déclin momentané de sa carrière. Malgré des apparitions dans des films tels que La Taverne de la Nouvelle-Orléans (1951), elle choisit finalement de revenir en France pour retrouver son public. Cette décision sera déterminante pour la réhabilitation de sa carrière.

Le retour en France au milieu des annĂ©es 1960 marque un tournant crucial. Elle retrouve une immense popularitĂ©, non seulement grâce Ă  son retour au cinĂ©ma, mais Ă©galement grâce Ă  sa performance dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Les Saintes ChĂ©ries, qui la rend incontournable. Évoquant cette pĂ©riode, elle dira que c’est la vie qui l’intĂ©resse, et qu’elle vit sans regrets.

Tout au long de sa carrière, Micheline collabore avec de grands noms du cinĂ©ma français comme Jacques Demy, qui lui donne l’occasion d’apparaĂ®tre dans des films mĂ©morables tels que Peau d’Ă‚ne (1970). Sa capacitĂ© Ă  transcender les gĂ©nĂ©rations et Ă  s’adapter aux Ă©volutions du cinĂ©ma fait d’elle une artiste respectĂ©e qui demeure pertinente au fil des dĂ©cennies.

Dans les annĂ©es 1980 et 1990, elle continue de briller Ă  l’Ă©cran, notamment dans des Ĺ“uvres comme I Want to Go Home et VĂ©nus BeautĂ© (Institut) (1999), qui lui vaudront une reconnaissance apprĂ©ciĂ©e. Elle n’hĂ©site pas Ă  collaborer avec des rĂ©alisateurs contemporains tout en conservant sa riche expĂ©rience. Micheline devient un symbole de rĂ©silience au sein de l’industrie, prouvant que mĂŞme une carrière qui a connu des hauts et des bas peut renaĂ®tre de ses cendres.

Au-delà de sa carrière cinématographique, sa vie personnelle demeure tout aussi intrigante. Son rôle de maman à la vie artistique de sa fille, Tonie Marshall, montre que le talent et la passion du métier se transmettent de génération en génération. Tonie, également actrice et réalisatrice, perpétue ainsi le legs de sa mère.

La scène théâtrale fait Ă©galement partie intĂ©grante de son parcours. Micheline Presle perpĂ©tue sa passion pour la scène en acceptant des rĂ´les dans des Ĺ“uvres classiques et modernes, prouvant une fois de plus son engagement envers l’art dramatique. Les collaborations avec des metteurs en scène rĂ©putĂ©s, comme Franco Zeffirelli, sont des moments clĂ©s de sa carrière, dessinant une carrière théâtrale riche et variĂ©e.

En 2004, Micheline Presle reçoit le CĂ©sar d’honneur pour saluer l’ensemble de sa carrière, une reconnaissance bien mĂ©ritĂ©e au cours d’une longue et brillante carrière. Son engagement envers le cinĂ©ma et le théâtre a laissĂ© une empreinte indĂ©lĂ©bile dans l’histoire du cinĂ©ma français. Ses dernières apparitions Ă  l’Ă©cran, dans des projets qui l’unissent Ă  une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’artistes, montrent Ă  quel point sa carrière est Ă©troitement liĂ©e Ă  l’Ă©volution de l’art dramatique.

Dans les années 2000, elle continue de se produire avec élégance, participant à des projets variés, notamment la série H où elle joue son propre rôle. Ses collaborations avec des jeunes réalisateurs et acteurs témoignent de sa volonté de rester dans la lumière, enrichissant le paysage cinématographique français.

Son engagement ne se limite pas seulement Ă  la scène ou Ă  l’Ă©cran. Elle utilise mĂŞme sa voix pour Ă©voquer des questions de sociĂ©tĂ©. Membre du comitĂ© d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignitĂ©, elle prend la parole pour dĂ©fendre des causes qui lui tiennent Ă  cĹ“ur, allant au-delĂ  de sa carrière d’actrice.

En 2007, elle publie le livre d’entretiens Di(s)gressions oĂą elle revient sur sa carrière et ses valeurs de vie. Ă€ l’approche de son centenaire, elle cĂ©lèbre son 100e anniversaire en plein cĹ“ur de la Maison nationale des artistes de Nogent-sur-Marne. RĂ©unissant ses amis et ceux qui l’aiment, ce moment devient un cĂ©lĂ©bration des souvenirs d’une vie dĂ©diĂ©e au spectacle.

Le 21 fĂ©vrier 2024, l’actrice nous quitte Ă  l’âge de 101 ans, laissant derrière elle un hĂ©ritage inestimable. Sa mort marque la fin d’une Ă©poque, et le cinĂ©ma français pleure la perte d’une de ses dernières grandes icĂ´nes. Son parcours, nourri de collaborations prestigieuses, de choix audacieux et de la passion de l’art, fait d’elle une lĂ©gende que les nouvelles gĂ©nĂ©rations continuent d’admirer.

Pour en savoir plus sur sa vie et son héritage, consultez ces références : Les Inrockuptibles et Point de Vue.