Il est des figures qui, par leur charisme et leur talent, marquent Ă  jamais l’histoire du cinĂ©ma et du théâtre. Alice Sapritch est de celles-lĂ . NĂ©e le 29 juillet 1916 Ă  Ortaköy, dans l’Empire ottoman, aujourd’hui en Turquie, elle fera vibrer les scènes et les Ă©crans français par son jeu d’une intensitĂ© rare. DotĂ©e d’une inspiration et d’une passion pour l’art, elle a su captiver le public tout en s’affirmant comme une grande dame du septième art.

Son enfance, marquĂ©e par des difficultĂ©s financières et des dĂ©boires familiaux, n’empĂŞche pas la jeune Alice de rĂŞver d’une carrière artistique. Après avoir quittĂ© la Turquie pour rejoindre sa grand-mère Ă  Bruxelles, puis prendre son envol vers Paris Ă  16 ans, elle se lance dans le monde du théâtre. Grâce Ă  son entrĂ©e au Cours Simon, puis au Conservatoire national supĂ©rieur d’art dramatique, elle acquiert les fondations essentielles d’une carrière flamboyante.

La scène est bientĂ´t le terrain oĂą elle s’Ă©panouit, dĂ©crochant son premier rĂ´le en tant que Gertrude dans Hamlet de Shakespeare. Sa prĂ©sence sur scène, renforcĂ©e par un goĂ»t certain pour les pièces Ă  costumes, lui ouvre rapidement les portes de l’univers théâtral. Sa versatilitĂ© et sa dĂ©termination phare des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes deviendront les fondements d’une carrière Ă©clatante au cinĂ©ma.

Un chemin semé de rencontres artistiques

Dans l’univers dynamique qu’Alice Sapritch investit, chaque collaboration est synonyme d’une magie particulière. Des figures emblĂ©matiques de son Ă©poque la croisent sur son chemin, dont l’Ă©crivain controversĂ© Robert Brasillach, avec qui elle est liĂ©e durant la Seconde Guerre mondiale. Ces rencontres lui permettent d’Ă©largir ses horizons artistiques tout en naviguant dans un monde souvent tumultueux, rĂ©vĂ©lant ainsi une complexitĂ© de son jeu.

Ă€ l’aube des annĂ©es 1950, elle commence Ă  jouer au cinĂ©ma, mais la notoriĂ©tĂ© ne vient pas tout de suite malgrĂ© une sĂ©rie de petits rĂ´les dans des films divers. Ce n’est qu’en 1959 qu’AndrĂ© Frank, responsable des Ă©missions dramatiques Ă  la tĂ©lĂ©vision française, lui succède en tant que moteur de sa carrière, la propulsant vers des rĂ´les tĂ©lĂ©visuels marquants. Elle se fait dès lors connaĂ®tre du grand public, affichant une tension dramatique palpable dans des adaptations littĂ©raires telles que La Cousine Bette ou Vipère au poing.

Son rĂ´le comique, devenu cultissime, dans La Folie des grandeurs en 1971 marque un tournant dans sa carrière. Aux cĂ´tĂ©s de Louis de Funès et d’Yves Montand, son interprĂ©tation de la duègne provocatrice la hisse au rang d’icĂ´ne du comique Ă  la française. Le succès est tel que cette collaboration devient indissociable de sa lĂ©gende, rendant hommage Ă  son style singulier et Ă  sa capacitĂ© Ă  jongler entre la tragĂ©die et la comĂ©die.

Un parcours artistique exceptionnel

Alice Sapritch ne se contente pas des frontières du théâtre ou du cinĂ©ma. Elle consulte sa muse pour explorer d’autres terrains, incluant la musique. En 1975, elle s’essaie Ă  un premier album avec le single Je suis heureuse / Vingt annĂ©es d’existence, qu’elle explore avec une sensibilitĂ© artistique unique. Cette incursion musicale vient enrichir sa palette crĂ©ative, dĂ©montrant sa capacitĂ© Ă  se renouveler.

Au-delĂ  de la musique, le théâtre reste son principal foyer, oĂą elle brille dans diverses productions. En travaillant sous la direction de Jean-Louis Barrault dans L’Orestie ou Eugène Ionesco dans L’avenir est dans les Ĺ“ufs, elle prend une place centrale sur les scènes emblĂ©matiques comme le Théâtre Marigny ou l’OdĂ©on-Théâtre de France. Ces pièces tĂ©moignent de sa flexibilitĂ© et de son dĂ©vouement Ă  l’art théâtral, attirant des foules et suscitant l’admiration de la critique.

La fin de sa carrière ne marque pas une baisse d’intĂ©rĂŞt mais un passage Ă  des rĂ´les plus dramatiques, lui permettant de reprendre la rencontre avec une voix formatrice de son propre rĂ©cit. Son remarquable jeu dans L’Affaire Marie Besnard, pour lequel elle reçoit le 7 d’or comme meilleure comĂ©dienne de fiction, tĂ©moigne d’un besoin d’authenticitĂ© dans son art. Ă€ 70 ans, elle prouve que le talent ne connaĂ®t pas d’âge, et que chaque performance est une invitation Ă  Ă©prouver des Ă©motions plus profondes.

Une femme engagée au-delà des planches

En dehors des projecteurs, Alice Sapritch reste étroitement liée à ses racines arméniennes, prenant part à diverses initiatives au sein de la communauté arménienne. Cette loyauté à ses origines et son engagement pour la culture montrent que l’artiste ne se limite pas à la carrière mais embrasse une responsabilité sociale à travers son art. Sa connexion à la diaspora lui permet de porter une voix forte, engageant les luttes et l’histoire de son peuple dans son expressivité.

Sa rencontre avec de nombreuses figures du paysage artistique français, allant de Jean Cocteau à Juliette Gréco, lui permet de tisser des liens profonds qui enrichissent son parcours. Sa participation régulière à des débats sur la beauté et l’image témoigne de sa volonté de surfer contre les vagues des injustices. Son point de vue captivant sur la laideur et la beauté physique amène une pluralité nécessaire dans les discussions sur l’art.

En plus de son engagement sur scène, elle se distingue par une autodĂ©rision qui l’accompagne dans sa prĂ©sence mĂ©diatique. N’hĂ©sitant pas Ă  se moquer d’elle-mĂŞme dans l’émission Les Grosses TĂŞtes, elle reste disponible et accessible, humanisant ainsi son image d’icĂ´ne. Son rejet de l’image de star renforce son authenticitĂ© et la place au cĹ“ur de la culture populaire française.

Un héritage impérissable dans l’industrie

Le monde du théâtre et du cinĂ©ma français n’a pas seulement gagnĂ© une artiste, mais une vĂ©ritable source d’inspiration. Le parcours d’Alice Sapritch rĂ©vèle une femme toujours en quĂŞte de vĂ©ritĂ© et d’authenticitĂ© dans son art, marquant les esprits par ses performances vibrantes. Avec des projets allant de la tragĂ©die Ă  la comĂ©die, son Ĺ“uvre est un tĂ©moignage d’une quĂŞte artistique inoubliable, inspirant des gĂ©nĂ©rations d’acteurs par la force de son interprĂ©tation.

Ses derniers rôles, notamment dans le téléfilm Catherine de Médicis, ainsi que ses écrits autobiographiques tels que Mémoires inachevés, continuent de nourrir le discours sur son talent et son héritage. Alice Sapritch montre qu’une figure peut transcender les âges et les époques, avec un message toujours pertinent sur la persévérance et la passion.

DĂ©cĂ©dĂ©e le 24 mars 1990 d’un cancer, son hĂ©ritage persiste, rayonnant dans la mĂ©moire collective et au sein des crĂ©ations artistiques contemporaines. Une icĂ´ne que l’on s’efforce de redĂ©couvrir et de cĂ©lĂ©brer, tant les leçons de vie qu’elle a offertes sont une part intĂ©grante de la culture française. Pour plonger plus profondĂ©ment dans son histoire et son impact, visitez la page suivante : Nanarland – Alice Sapritch.

Pour dĂ©couvrir des performances marquantes, visionnez cette vidĂ©o : YouTube – Alice Sapritch.